hush hush | PRIVE A. YDDREIGH

Le souffle court, elle courait à travers les bois, suivant tant bien que mal l'ombre juste au dessus d'elle, agonisante. Une douleur poignante lui lacérait le bras, là où elle s'était jadis brûlée. Sûrement s'était-elle cognée contre une branche durant sa course. Mais elle s'en fichait, tout ce qui comptait était de découvrir de Leyllit, son dragon, se plaignait. Il avait coupé leur communication mentale, la privant de toute vision, de toute douleur susceptible de l'atteindre... Elle souffrait autant que lui à chaque fois qu'il se blessait, ce qui arrivait de plus en plus souvent ces jours-ci. Il était tout excité, sûrement par une nouvelle rencontre.
Il avait déjà atterrit lorsqu'elle gagna le petit espace dégagé dans la forêt même. Elle l'avait senti avant de même de le voir, simplement parce que le bruissement des ailes de Leyllit s'était entièrement arrêté. Elle stoppa sa course et prit quelques secondes pour reprendre son souffle. Le poids de ses armes l'avaient considérablement ralenties, si bien que Leyllit s'était collé à son rythme. Elle s'approcha de l'animal et l'observa attentivement. Ses pattes avant n'avaient rien, ainsi que sa tête. De ses naseaux s'échappaient un petit brin de souffre et il crachait des petites étincelles de temps en temps. Elle se dirigea vers l'arrière. Elle observa une entaille peu profonde près de son pied. Il avait encore essayé de descendre sur une plaine de la forêt trop petite pour sa taille collossale et une branche aiguisée avait dû le griffé. Elle soupira et lui lança un regard de reproche. Leur communication mentale était toujours bloquée. Oui, mais il arrivait toujours à la comprendre lorsqu'elle lui parlait. Elle s'approcha de son oreille.

- Ce n'est qu'une mince égratignure.
Peut être, mais c'est douloureux.

Elle se recula vers son oeil et lui lança un regard de reproche. Elle avait à peine commencer une phrase par télépathie qu'il lui en refusait l'accès. Futé le dragon, il évitait ainsi une séance de reproche. Car oui, il l'avait dérangée alors qu'elle chassait pour vendre au marché, ou même pour nourrir sa famille. Elle n'avait jamais su si cette pratique était autorisée ou pas, elle allait devoir se documenter.
Elle dénoua la ceinture qui retenait son fourreau et délassa les nœuds qui soutenait son carquois dans son dos. Elle fouilla à l'intérieur et y trouva un long bout de tissu ensanglanté. Son garrot de fortune lorsqu'elle en avait besoin. Même si elle le lavait, il restait quand même énormément, même pour l'usage qu'elle en faisait. Des tâches orange et dorée la recouvrait à certains endroits, témoignant que son dragon en avait plus besoin qu'elle. Son sang était beaucoup plus épais, brûlant et il lui arrivait de se brûler les mains lorsqu'elle soignait ses plaies, la majorité du temps superficielle puisqu'elles se limitaient à des griffures de branche d'arbre (malgré l'épaisseur de ses écailles). De plus, elle n'avait pas le droit de faire cicatriser ses plaies en utilisant le feu... l'usage de la magie était entièrement interdit, c'est pour cela qu'elle était obligée de cacher Leyllit dans la forêt. Il était plutôt sage, même si personne ne pouvait blâmer la jeune femme d'avoir un dragon... En effet, personne ne savait de quoi elle était capable.
Elle s'approcha de ses yeux larmoyants et lui présenta le bout de tissu. Elle lança un dernier regard agacé et se dirigea vers sa jambe. Elle s'agenouilla près de la blessure et sentit le pantalon qu'elle portait s'imbiber de boue et d'humidité. Il avait probablement plu... Elle leva les yeux vers le ciel. Si cela était vrai, les nuages étaient définitivement partis. Elle essuya le liquide qui s'écoulait de l'entaille et replia le morceau de tissu qu'elle tenait. Il était devenu chaud, à peine supportable pour ses mains. Elle haïssait le feu. Même s'il en était devenue maître, elle ne pouvait s'empêcher de penser ce qu'il lui avait fait. Non, elle préférait l'eau... mais chaque fois qu'elle le mentionnait, Leyllit se moquait d'elle.

Tout était parfaitement calme. Seule la respiration du dragon et quelques chants d'oiseaux crevaient le silence. Il n'y avait aucun souffle de vent. Les arbres restaient parfaitement immobile. Elle sentait parfaitement isolée, ce qui renforça son agacement. Elle savait que c'était caractéristique chez elle, ce sentiment d'étouffement. Cela voulait dire que la magie n'était pas loin. Pas surprenant, dans une forêt de cette envergure et surtout à Thildraight, tout était possible. Elle se releva sans prendre la peine d'essuyer son pantalon et se recula de quelques pas.

- Voilà, c'est bon. Soit tu bouges, soit tu restes là. Mais moi, j'ai à faire.

Elle ramassa ses armes qu'elle avait négligemment laissées sur le sol. Parfaitement irresponsables et idiot. Elle resserra ceintures et noeuds et s'élança d'un bon pas dans la forêt. Sans aucun bruit. La magie se faisait de plus en plus sentir. Elluviel revint alors sur ses pas. Le dragon la regarda, incrédule. Cependant, il débloqua ses pensées. Serait-ce des reproches ou désires-tu simplement passer du bon temps avec ton meilleur ami ? Il y a quelqu'un pauvre idiot ! Ah bon ? Je ne sens rien pourtant ! Tu perçois moins bien que moi, j'essaie de te l'expliquer depuis des siècles. Il y a des siècles, tu n'existais pas. C'était du sarcasme Leyllit. Elle lui sourit cependant. Elle se retourna et saisit vivement son arc et une flèche. Sans attendre, elle l'encocha et banda son arc. La magie n'était plus qu'à quelque mètres, peut être juste devant elle. Pourtant, Elluviel ne voyait rien. Il faut dire que la végétation était extrêmement dense...

Les buissons s'écartèrent et un jeune homme en sortit. Elle ne pouvait pas très bien le voir. Elle savait juste qu'il était brun, assez grand bien que d'un assez jeune âge. Il semblait intrigué. Comment avait-il fait pour la repérer ? Quoique, s'il se trouvait dans la forêt au moment où Leyllit la survolait, il était possible qu'il ait pu suivre le bruit que produisaient les ailes du dragon. Elle sentit le dragon se redresser, aux aguets de quelconque danger. La cible semblait inoffensive, bien qu'Elluviel ne pouvait pas apercevoir des armes, vu que sa flèche cachait son corps et que son oeil fermé lui permettait d'être plus précise.
Il lui proposa de baisser son arc. Elle n'en fit point. Manque de confiance, manque de connaissances sur sa cible. S'il était de Thildraight, il ne manquerait pas de la signaler aux autorités et toute sa famille souffrirait. Mais peut être qu'après tout, elle pourrait lui faire confiance. Il avait dit être dragonnier, et il était si proche que ses perceptions de magie avait triplées. Simplement, aucun bruissement d'ailes dans le ciel, aucune ombre inquiétante au-dessus de sa tête, seul le soleil brillait toujours. Il était seul. Elle ne baissait toujours pas son arc. Au contraire, elle repositionna ses appuis et referma son poing autour du manche de bois. Derrière elle, Leyllit s'excitait. Calme toi, j'essaie de comprendre qui c'est. Si tu as besoin d'aide, n'hésites pas.

- Qui êtes-vous ? lança-t-elle avec force et d'un air déterminé. Elle ne lâcherait pas son arc tant que l'inconnu se présenterait. Elle ne connaissait personne d'autre à part elle comme dragonnier. Il était possible qu'il soit sorcier et qu'il mente... pour mieux la tuer après. C'était stupide...

Elle baissa son arc, mais garda la flèche encochée et ses appuis. Au moindre geste suspect, elle serait prête à l'abattre. Bizarre. Elle n'avait jamais tué quelqu'un... juste des mannequins de paille et quelque fois son père, mais jamais elle n'avait tué. Sauf le gibier bien sûr... Elle l'observa d'un oeil attentif. Les oiseaux s'étaient tus depuis l'arrivée du dragon dans la petite clairière, restaient leurs souffles respectifs, et lui bruissement du vent sur les feuilles des arbres.

Le jeune prince remarqua que la jeune femme était visiblement méfiante vis-à-vis de l'adolescent, ce qui était normal puisqu'Aymeric venait tout juste d'arriver à Thildraigh ... Enfin, plutôt de revenir ! Evidement, il était sans arme ! Du moins sans arme en acier car la magie pouvait aussi parfois servir d'arme lorsque l'on savait très bien l'utiliser ! Mais là, cela ne serait pas utile pour le jeune homme. Contrairement à ce qu'il avait demandé à la jeune femme, cette dernière ne baissa pas du tout son arc. Elle était vraiment méfiante ! Aymeric se demanda si ce n'était pas le fait qu'il devait être le seul dragonnier qu'elle rencontrait ! Lui en avait rencontrait des centaines, dont son oncle Ménélas ! Par contre, ce dont aurait bien souhaité le jeune homme, c'était de ne pas avoir son dragon.
Quant à la jeune femme, elle n'était toujours pas décidé à baisser son arc. Son dragon paraissait excité.

Elluviel : - Qui êtes-vous ?

La jeune dragonnière lui avait posé cette question d'un air déterminé. Mais elle finit par baisser son arme. Aymeric prit une grande inspiration, s'attendant à ce qu'elle ne le croit pas.

- Cela va sans doute te surprendre mais mon nom est Aymeric ... Aymeric Yddreigh ! Je suis dragonnier depuis l'âge de treize ans ! J'étais le premier humain à devenir dragonnier !

En parlant, il remarqua que la jeune femme avait une vieille blessure. Sans doute due à un manque de maîtrise du pouvoir du feu qu'ont les dragonniers ! Elle n'avait pas eu probablement de guide ou un guide qui n'était pas assez expérimenté ! Il est vrai qu'il avait eu du mal à maîtriser le feu contrairement aux dragonniers d'origine elfiques mais l'adolescent avait un peu de sang elfique dans les veines, sa mère étant la princesse des elfes. Tout à coup, un grand bruit d'aile se fit entendre et ce n'était pas le dragon de la jeune femme. Aymeric reconnut immédiatement l'aura de son dragon. Fou de joie, il leva la tête, scrutant le ciel.

* Cranack ? *

Un magnifique dragon aux écailles rouges mais au ventre doré. Sur le bout de sa queue, on pouvait voir qu'elle était en flamme au lieu de porter des crins. Le jeune prince courra immédiatement vers le reptile qui venait d'arriver.

- Cranack ! Qu'est-ce que je suis content de te revoir mon vieux ! Mais où étais-tu ?

Cranack : * Je pourrais te poser la même question ! Moi, entrain d'hiberner en attendant ton retour ! *

Aymeric avait toujours pris l'habitude de parler à son dragon à voix haute mais parfois, en pensée lorsqu'il ne souhaitait pas dire ce qu'il pensait tout haut. Cranack était lui aussi très heureux de retrouver son maître.

Il n'avait aucune arme sur lui. Et il était habillé d'une bien étrange façon, pas du tout comme les autres habitants de Thildraight ou comme elle même. Cette tenue vestimentaire lui fit froncer les sourcils. Ils ne se tenaient même pas droit comme un prince comme il prétendait l'être. Aymeric Yddreigh ! Quelle bonne plaisanterie ! Un dragonnier aussi célèbre ne pouvait s'habiller de la sorte, de plus que le prince avait disparu depuis des années. Il était probablement mort, emporté une force mystique qui devait se cacher dans les bois. Peut être, lorsque l'espoir de le revoir un jour aura disparut, les habitants organiseront une battue et trouveront son cadavre dans un coin perdu, dans une grotte avec un quelconque dragon... Elle se souvenait des légendes qui alimentaient le mythe du Haut Prince Aymeric Yddreigh. On y disait que son dragon Crannack s'était caché loin des regards, loin de toute société humaine pour y vivre son deuil. Leyllit et Elluviel étaient les premiers à le comprendre... D'ailleurs, il y était aussi dit que beaucoup de dragonniers avaient abandonnés leurs amis les plus fidèles, pour rendre hommage à leur prince disparut. Elluviel savait que ce n'était que de vieux ragots et que les dragonniers s'étaient cachés et avait interdiction de se servir de la magie. Bien sûr, le roi, en interdisant cela venait de perdre une précieuse arme de guerre et de précieux amis et alliés. La Monarchie en souffrirait, car si une guerre se déclenchait, peu de dragonnier iront prêté main forte à l'humble avis de la jeune femme.
L'expression d'Elluviel se durcit. Oui, il ne pouvait définitivement pas être Aymeric. Trop jeune, pas assez armé et mal habillé. Il n'avait ni l'allure ni le comportement d'un prince. La Monarchie se devait d'être hautaine, puissante. Or, il était là, seul et dépouillé d'armes ou d'armure, sans protection contre les redoutables flèches d'Elluviel ou le puissant de Leyllit. Je ne sais pas qui il est, mais il ment. Il dit s'appeler Aymeric Yddreigh et être dragonnier depuis ses treize ans. C'est impossible Leyllit, dit moi que c'est impossible !
Mais le dragon ne répondait pas. À l'évocation du nom du prince, ses yeux verts comme les feuilles d'un hêtre s'étaient figés. Il avait coupé leur communication et Elluviel avait beau essayer, impossible de lui parler. Elle se retourna et le regarda d'un air agacé, mais il ne disait rien et ne lui prêtait même pas attention. Avec un soupir, elle se tourna vers le prétendant au trône.

- Ceci ne sont que fadaises ! Qui êtes vous ? Dites moi la vérité ! Vous allez me dénoncer n'est-ce pas ? explosa-t-elle en serrant le bois de son arc. Elle allait le faire plier. Il allait lui raconter la vérité. S'il était habitant et désirait la dénoncée, elle n'aurait qu'à conclure un marché équitable.
Ses sens de dragonnière s'éveillèrent. Ses pires craintes furent confirmées lorsque Leyllit se redressa sur ses pattes et poussa un rugissement sauvage. Ses ailes se mirent à battre et ses prunelles s'animèrent. Un dragon était dans les parages, et pas des moindres. Elluviel laissa tomber son arc en voyant le dit Aymeric se précipiter près de Leyllit qui se recula vers les arbres. Les arbres s'agitèrent, les oiseaux se turent et même son souffle se stoppa. Une ombre gigantesque surgit du ciel, englobant toute la petite prairie. Aymeric semblait fou de joie. Il en oubliait même de lui parler par télépathie, alors que certains dragons ne parlaient pas leur langue. Elle se rapprocha du sien qui se rassit sur l'herbe et s'assit sur sa patte avant, près de sa tête. Le dragon Crannack était majestueux, plus majestueux encore que le sien. Déjà, il était propre et dépourvu de cicatrices, pas comme Leyllit qui en gardait quelques unes des combats de son ancien maître. Les retrouvailles la mettaient souvent mal à l'aise, ou lui donnaient envie de vomir. Tout simplement parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de sourire devant un bonheur aussi intense. Elle retrouva bien vite sa concentration. Dès qu'ils auraient finis, elle allait devoir s'excuser auprès du prince, ce qu'elle n'aimait pas spécialement...

Aymeric ne fit pas trop attention à ce que disait Elluviel lorsqu'elle lui lança qu'elle ne le croyait mais cela n'étonna guère le jeune homme. Il avait plus de sept siècles à Thildraigh et il était censé être mort depuis longtemps à moins que ce soit son côté elfe qui aurait pris le dessus. De ses parents, le roi Lothaire et la reine Armalyne, il avait certainement plus tenu des gênes de sa mère que de son père si ce n'est qu'en apparence car il n'avait pas les oreilles pointues, ni même sa sœur n'avait eu cette particularité propre aux elfes. Quand Cranack était apparu, le jeune prince n'avait pas pu retenir sa joie de le revoir et il s'était aussitôt élancé vers son dragon. Contrairement à ce que l'on avait dit sur les dragons, autrefois, ils comprenaient la langue des hommes, surtout si leurs œufs avaient éclos après avoir trouver leur dragonnier. C'était le cas pour Aymeric et Cranack ! Aymeric allait bientôt avoir treize ans lorsqu'il avait découvert l'œuf de Cranack. L'œuf avait justement éclos quelques jours plus tard, le jour du treizième anniversaire du jeune homme. Dans le monde des dragonniers, c'était très rare lorsqu'un dragonnier découvrait un œuf de dragon et qu'un lien s'établissait tout de suite. En général, cela prenait des années avant que le jeune dragonnier découvre ses pouvoirs et son dragon arrivait bien aprés. Peut-être que le destin d'Aymeric devait déjà être extraordinaire ! Un grand destin donc mais il n'en avait jamais fait attention, ayant comme principales occupations le bien-être de son peuple et de son Royaume. Un royaume dont il n'était désormais plus l'héritier !

Cranack porta son attention sur l'autre dragon et sa jeune maîtresse. Entre dragons, il leur était possible de parler entrer eux par télépathie sans aucune interruption. C'était quasiment impossible pour eux !

Cranack :* Bonjour Leyllit ! Cela fait longtemps ! Comment te portes-tu ? *

Aymeric, ayant entendu les pensées de son dragon, fut étonné d'apprendre que le jeune dragon était Leyllit.

- Leyllit ! Waow ! T'as bien grandi par rapport à la dernière fois que je t'ai vu ! Alana n'arrêtait pas de te prendre ses bras !

Soudain, le prince se tut. L'évocation de sa soeur aînée lui fit un peu de mal. Elle lui manquait énormément, tout comme leurs parents, leur oncle mais aussi Denialig et Briagenn, les deux meilleurs amis de l'adolescent. Bien entendu, il ne pouvait pas savoir que sa soeur Alana et Denialig étaient devenus des vampires alors que Briagenn était un loup-garou. Cranack donna un léger coup de tête au jeune homme, signe qu'il essayait de lui remonter le moral.

Tu sais, ce prince était là à ma naissance. Il a été l'un des premiers à me porter dans ses bras avec sa soeur Alana. Il a disparut avant que je devienne comme je suis maintenant. Crannack était l'un de mes meilleurs amis... Mais nos retrouvailles risquent d'être physique... Leyllit était très ému. Elluviel en était surprise. Généralement, le dragon était quelqu'un de très fermé, dur à émouvoir dans tous les sens du terme. Seule une égratignure superficielle sur ses écailles en sucre pouvait le faire râler ou broncher. Ils étaient très différent, mais excessivement proches. Elle se retourna vers son oeil, surprise. Une grosse larme lui roulait sur la joue. Elle fronça les surprise et éclata de rire. C'était la première fois qu'elle le voyait pleurer pour autre chose que ses blessures... Surtout pour cela... Ce n'était vraiment pas son genre. Leyllit souleva violemment sa patte, manquant de la faire tomber. Elle descendit et stoppa le fou rire qui l'envahissait. Elle posa une main compatissante sur son bras rugueux et sourit. Tu sais Leyllit, je peux essuyer tes larmes avec le torchon, histoire que notre roi ne te surprenne pas en train de chougner devant lui !
Il repoussa sa main et se releva de toute sa hauteur. Elle s'excusa, elle l'avait visiblement vexé. Ce n'était pas la première fois d'ailleurs, mais aujourd'hui était un jour spécial. Leyllit avait retrouvé un de ses meilleurs amis. Elle soupira et se retourna vers Aymeric. Ils observaient son dragon d'un air rieur. Surpris de le trouver si grand et aussi majestueux. Leyllit riait désormais et discutait par télépathie avec le dragon Crannack. Elle saisit des bribes de paroles, Leyllit lui ayant couper la communication pour qu'elle ne puisse pas s'en mêler. Pour les mots, il ne lui avait jamais fait entièrement confiance. Je vais très bien Crannack ! Et vous, cela fait tout aussi longtemps !
Les deux dragons étaient désormais absorbés par leur conversation. Elluviel s'énerva, elle était seule et ne pouvait plus discuter avec eux. Seul Crannack lui avait ouvert les tréfonds de ses pensées et elle ne pouvait suivre que ses paroles. Tant pis pour Leyllit, il allait devoir se débrouiller seul pour se trouver à manger ce soir.
Le prince s'était comme enfermé dans une bulle de souvenirs. Il regardait le vide, les yeux témoignant qu'il avait des remontées nostalgiques. Elluviel connaissait une bonne partie de sa vie. On leur enseignait à peu près tout sur dans les livres qu'elle lisait. Sa mère descendait des elfes et son père des hommes. Il avait une soeur Alana, qu'on disait la plus femme du royaume. La jeune femme ne pouvait en témoigner, ne l'ayant jamais aperçu et ne voulant pas l'apercevoir. Comme une minorité de personne à Thildraight, son père lui avait dit que la princesse était devenue une sombre créature. Les Enfants de la Nuit, comme on les appelait jadis. Désormais, ils se cachent, inférieurs en nombre et peut être moins puissants que jadis... Elle n'allait pas discuter de ça maintenant. Tout simplement parce qu'il n'avait pas besoin d'entendre ça. Crannack lui donna un gentil coup de naseaux. Elle se demanda comment il faisait pour maîtriser sa force. Lorsque Leyllit le faisait, il la balançait à plusieurs mètres plus loin ou cassait un arbre avec sa queue...

- Depuis combien de temps êtes vous rentré seigneur ? demanda-t-elle. Simplement par curiosité, mais aussi parce qu'il semblait ne pas avoir croisé de personne qu'il connaissait... Vu son regard, vu sa façon de revoir Crannack... Il semblait perdu au milieu de cette végétation dense...

Aymeric était également heureux de revoir Leyllit. Il l'avait vu sortir de son œuf mais le jeune dragon à l'époque n'avait pas encore trouver son dragonnier, alors il s'en était occupé avec sa sœur Alana. C'était même elle qui lui avait trouvé son nom ! Il se revoit se disputer avec sa grande soeur au sujet du nom du bébé dragon et finalement, c'était elle qui avait eu le dernier mot !
Le jeune prince et son dragon observèrent Elluviel et Leyllit, riant de les voir se disputer pour des chamailleries. Cela leur rappeler de très bons vieux souvenirs.

* On en aura encore tu sais ! Je ne suis pas pressé de retourner à Londres ! Je ne pense même pas que je retournerai à Londres un jour ! *

Cranack: * C'est quoi Londres ? Ton nouveau royaume ? *

*En tant que prince, non ! La place est déjà prise ! C'est plutôt mon nouveau monde ! Je t'expliquerai plus tard ! *

Cranack: * D'accord ! *

Leyllit : * Je vais très bien Crannack ! Et vous, cela fait tout aussi longtemps ! *

Cranack : * Je vais très bien ! Surtout bien dormi ! On est en quelle année au fait ? Le temps passe terriblement vite ! *

Aymeric se mit à rire en entendant les pensées de son dragon. Décidément, il ne changera jamais quand il s'agissait de dormir ! Les deux reptiles étant désormais très absorbés par leurs conversation, le jeune homme décida de rejoindre la jeune fille après s'être perdu dans ses propres souvenirs. Sa famille lui manquait cruellement mais il savait qu'il avait encore la possibilité de revoir un jour sa mère, celle-ci étant une elfe. Les elfes étaient immortels et ils avaient vu d'innombrables choses dont l'oncle de l'adolescent lui avait vaguement parlé. Le dragonnier remarqua qu'Elluviel semblait surprise mais elle prit rapidement la parole :

Elluviel : - Depuis combien de temps êtes vous rentré seigneur ?

Ah, cela faisait vraiment longtemps qu'il n'avait plus pris l'habitude de se faire appeler de cette façon.

- Appelle-moi juste Aymeric ! Je suis revenu il y a quelques jours avec des amis à moi ! Et tu peux me tutoyer ! On ne doit pas avoir trop de différence d'âge entre nous deux !

Cela avait déjà été ainsi avec Aymeric lorsqu'il était encore prince héritier. Il ne supportait déjà pas que ceux de son âge le vouvoient.

Elluviel observait le prince. Londres ? Qu'était-ce donc ce Royaume ? Elle n'en avait encore jamais entendu parler. Il devait venir de très loin car elle n'était pas l'une des plus incapables en géographie et connaissait une majorité des villages et royaumes voisins à Thildraigh. Elle fronça les sourcils, se remémora les cartes géographiques qu'elle avait passé des heures à étudier avec son père et sa mère qui désiraient la rendre cultivée. Jamais le mot Londres n'était apparut.
Leyllit avait beau lui avoir coupé la communication, elle pouvait toujours communiquer avec le Prince Aymeric et le Seigneur Dragon Cranack. Elle coupa court le lien psychologique qui les unissait et se concentra sur le Prince et son dragon. Leyllit est capricieux, impétueux et des fois impolis. J'ai bien peur qu'il ne mette rapidement feu à la forêt. Nous ferions bien de peut être, changer d'endroit ? suggéra-t-elle en s'adossant aux écailles de Leyllit en souriant. Le dernier n'ayant pas entendu afficha une mine fière de celui qui se fait récompenser par sa maîtresse. Elle pouffa.

Le calme revint sur la clairière, enfin, aux yeux d'Elluviel vu qu'elle avait suivit la conversation, ce qui revenait à entendre une conversation normale. Les deux seuls humains s'étaient rapprochés et conversaient désormais. Elle ne pouvait pas seulement l'appeler Aymeric. La famille royale n'apprécierait pas. Elle avait grandit avec cette image de profond et de faux respect envers la famille royale de Thildraigh. C'était contre ses principes, contre les principes de toute sa famille. Elle ne pouvait s'y résoudre.

- Je ne le puis pas Monseigneur. Comprenez-le je vous en prie. Je ne puis n'y vous appeler par votre premier nom, ni vous tutoyez. C'est contre les principes avec lesquels mon père et ma mère m'ont éduquée. Je n'ai que dix huit modestes années. Je ne pense pas être plus âgée que vous en effet, déclara-t-elle avec l'habituel respect qui les liait. De plus, Elluviel ne tutoyait que les personnes qui lui étaient proches : sa soeur, quelques commerçants et leurs enfants ainsi que Poon, servante au château. C'était tout. Elle ne tutoyait même pas ses parents, car telles étaient les coutumes de Thildraigh. Respect des autorités adultes... Il lui arrivait cependant des les tutoyer quelques fois, histoire d'entretenir une certaine proximité.
Elle ferait peut être bien de raccompagner Prince Aymeric au château. Il pourrait ainsi se vêtir décemment et revoir ses anciens proches. Oui, c'était une assez bonne idée. Elle se demanda si Crannack pouvait comprendre la langue parlée à voix haute. Leyllit le pouvait, mais certains dragons n'étaient capables de comprendre les humains. Sûrement à cause de leur ouïe sous-développée ? Sire, voulez vous que je vous accompagne jusqu'au Palais ? Cependant, votre dragon ne pourra venir avec nous. La magie étant proscrite. Peut être le savait-il déjà ? Il n'avait pas tellement l'air... Il était arrivé avec des amis ? Etrange. Il était pourtant seul. Où étaient ses prétendus amis ? Elle jeta un oeil attentif autour d'elle, mais la lisière de la forêt n'abritait aucun humain. Elle fronça les sourcils et l'interrogea du regard.

- Vous êtes seul monseigneur. Où sont vos alliés ?

Elluviel : Leyllit est capricieux, impétueux et des fois impolis. J'ai bien peur qu'il ne mette rapidement feu à la forêt. Nous ferions bien de peut être, changer d'endroit ?

Aymeric avait entendu ses pensées et Cranack aussi mais le dragon préféra continuer à converser avec son congénére. Le jeune homme avait suggéré à la dragonnière de le tutoyer et de l'appeler juste par son prénom mais apparement, c'était hors de question pour Elluviel.

Elluviel : - Je ne le puis pas Monseigneur. Comprenez-le je vous en prie. Je ne puis n'y vous appeler par votre premier nom, ni vous tutoyez. C'est contre les principes avec lesquels mon père et ma mère m'ont éduquée. Je n'ai que dix huit modestes années. Je ne pense pas être plus âgée que vous en effet !

- Lorsque je suis parti, j'avais seulement seize ans et je reviens, j'ai toujours seize ans ! S'il te plait ?

Il se souvenait le vouvoyement était une tradition à Thildraigh mais sa soeur et lui n'en avait jamais tenu compte avec leurs proches. Enfin, les seules personnes qu'il tutoyait – hormis Sam et Harry, ainsi que Cranack – c'étaient ses parents, le roi Lothaire et la reine Armalyne, mais aussi sa soeur, son oncle Ménélas, ses amis Briagenn et Denialig ... En parlant de ces deux, il pouvait ressentir une aura semblable à la leur. Comme s'ils n'avaient jamais quitté Thildraigh. Le dragonnier émit un petit sourire, sentant que les retrouvailles avec ses deux anciens amis n'allaient plus tardés mais une question l'intrigua : comment se faisait-il qu'ils étaient encore là alors qu'ils avaient tous les trois plus de sept siécles ? Il finira par le savoir mais pour l'instant, l'adolescent était occupé à vouloir faire entendre raison à sa nouvelle amie. Mais celle-ci semblait être décidé à son tour à ne pas vouloir accepter sa requête.

Elluviel : Sire, voulez vous que je vous accompagne jusqu'au Palais ? Cependant, votre dragon ne pourra venir avec nous. La magie étant proscrite.

- Oui, je suis au courant ! Malheureusement ! Si je n'avais pas disparu, rien de tout cela ne serait arrivé ! Cranack et leyllit pourraient voler la région sans probléme !


Il se sentait un peu coupable de ce qu'il s'était passé mais il n'arrivait toujours pas à comprendre comment il avait pu disparaître ainsi sans aucune explication pendant la bataille. Cranack sentit son mal-être et vint le réconforter.

Cranack : * Ce n'est pas de ta faute ! Cela devait arriver sans doute comme disait toujours Myrtthïm *

Le vieux magicien ! Il avait toujours semblé savoir certaine chose sans vouloir en dire plus ! Aymeric l'avait trouvé très égnimatique et il l'avait un peu considéré bien plus qu'un simple proche de son père. C'était une sorte de grand-père pour lui ! Quand il était encore tout jeune, il appelait le vieux mage « Papy Myrtthïm » ! Il avait finit par l'appeler par son prénom quand il y eur une dizaine d'année !

Elluliel : - Vous êtes seul monseigneur. Où sont vos alliés ?

- Oh Sam et Harry sont restés au palais ! J'avais besoin de me retrouver seul avec moi-même et essayer de voir ce qui n'avait pas trop changé ! Au fait, ce champs est toujours resté brûlé depuis la dernière fois ? Cranack ?

Cranack : * Cette fois-ci, c'est pas moi ! Je te signale que t'avais pas fait mieux la premiére fois que tu as maîtrisé tes dons de dragonnier *

Aymeric fit une grimace. Il s'était pratiquement brûler la main entiére et si son oncle ne lui avait pas prodiguer des soins, le jeune homme aurait eu une belle cicatrice de brûlure à la main droite.

Cranack l'ignora, Aymeric ne répondit pas. L'impétueux dragon émit un sifflement et Elluviel le caressa pour le calmer. Cranack ne lui avait rien dit, elle lui jeta un regard reconnaissant et plein de malice et s'assit sur la patte avant de Leyllit. Cette fois-ci, elle ne glissa pas et observa Aymeric. Il la suppliait de le tutoyer, mais ça lui était simplement impossible. Elle risquait d'être punie par la famille royale et par la sienne, car c'était un manque évident de respect et de considération. Elle désapprouva de la tête.

- Je suis désolée votre Majesté, mais c'est impossible, déclara-t-elle en se tournant vers Leyllit. Mais enfin, tutoie le puisqu'il le veut ! Elle fronça les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine. Elle se mit debout devant lui, complètement incrédule. Mais qu'est ce que tu as ? T'es devenu complètement fou ! elle coupa de justesse la communication avec le Haut Prince et son dragon. Tu veux vraiment que je me fasse corriger si quelqu'un l'apprend ? Mais c'est facile de tutoyer quelqu'un ! Oui, quand cette personne n'est pas de la famille royale ! Il émit un second sifflement, agacé cette fois-ci. Elle se retourna vers Aymeric et esquissa décroisa les bras. Son expression s'adoucit.
- Leyllit est un peu fougueux... soupira-t-elle tandis que derrière elle, le dragon protestait vivement. Elle l'ignora et regarda Aymeric. Bien sûr que les dragons pourraient survivre ici, le gibier dont ils avaient besoin abondait dans les parages et les arbres constituaient une très bonne cachette. Elle approuva de la tête.
Le champs brûlé par ses « talents » de dragonnière la firent rougir. Les mauvais souvenirs refirent surface, et c'est gênée que ses yeux inspectèrent le sol. Lorsqu'elle releva la tête, Cranack soutenait que ce n'était pas lui le coupable. Et ce n'était pas Leyllit non plus. Ils ne se connaissaient pas encore à l'époque. Il devait encore se cacher dans le couvert de la forêt. Elle l'avait rencontré six mois plus tard, lors d'une partie de chasse avec son père. Elle n'osa pas lui dire que c'était elle qui avait cramé le champs, c'est Leyllit qui le fit à sa place. Cela fait quatre ans qu'il est brûlé, n'est ce pas Elluviel ? ria-t-il. Ceci la mit en rogne. C'était un accident, fit-elle en se grattant le bras droit, là où se trouvait sa cicatrice. Ce n'était qu'un minable accident, et personne ne l'avait prit en compte vu que le champs en question n'avait pas de propriétaire. D'accord, il faudrait attendre plusieurs dizaine d'années avant de pouvoir cultiver de nouveau, mais elle savait pertinemment que certains se doutaient bien qu'une oeuvre magique était derrière tout ça. Sa cicatrice la piquait, comme dans les premiers jours. Mais cette douleur était imaginaire, un simple souvenir qu'elle savait irréel.
Elle pensa soudainement. Sam et Harry ? Qui était-ce ?

- Sam et Harry ? Ce sont deux noms bien peu communs, songea-t-elle à haute voix. Au dessus d'eux, la lumière du jour commençait à décliner. Leyllit le lui signala et elle dut se rendre à l'évidence : il leur fallait rentrer au plus vite avant de ne plus pouvoir se déplacer. Votre Majesté ? Il nous faut rentrer, la nuit ne va pas tarder. Elle vérifia que son épée était bien sanglée à sa ceinture et la dégaina. La pointe était assez aiguisée pour faire face à un éventuel danger. Elle serra la sangle qui soutenait son carquois et tira son arc et encocha une flèche. Dans cette forêt la nuit, toutes les précautions étaient nécessaires, surtout avec un Haut Prince à ses côtés, entièrement désarmé et sans armure. Il leur fallait redoubler de prudence. Une idée lui traversa l'esprit. Il était dit que le Prince Aymeric était très doué dans le maniement de l'épée. Elle s'arrêta un instant et la paume de sa main se posa sur la poignée de son épée.
- Désirez vous mon épée ? Au cas où nous serions attaqués durant le retour ? proposa-t-elle et resserrant sa poigne sur l'épée. C'était une bonne épée après tout, et elle était sûre que le Prince l'apprécierait. Maniable, assez légère, elle infligeait tout de même d'importants dégâts. Elle manierait l'arc, comme à son habitude. Les deux dragons ne pouvaient les suivre. Elle confia à Leyllit le soin de s'occuper du dragon Crannack. Ils ne pourraient même pas attendre la lisière, à cette heure-ci, les gens rentraient chez eux après une rude journée de travail et ils pourraient très vite apercevoir les colossaux animaux. Les deux jeunes personnes seraient alors dénoncées... et s'ensuivraient des heures désagréables. Leyllit l'expliqua à son congénère et Elluviel le remercia. Elle sortit l'épée de son fourreau et sans attendre la réponse du prince, la lui tendit. C'est plus prudent monseigneur.

Aymeric allait devoir être coriace pour faire accepter sa requête coûte que coûte à Elluviel. La jeune dragonniére refusait catégoriquement de le tutoyer. Jamais il n'avait rencontré de filles aussi têtues qu'elle mais le prince l'était également. De quoi avait-elle peur ? De ce que la famille royale pourrait dire ? Son père n'était plus là et sa mère était repartie certainement parmi son peuple. Et puis, il avait tutoyé ses parents aussi mais lorsqu'ils n'étaient qu'entre eux. C'était le compromis fait avec son père. Aymeric se dit que cela pouvait marcher aussi avec sa nouvelle amie. Le jeune homme entendit Leyllit émettre un sifflement agacé.

* Elle y tient vraiment pas hein ? *

L'adolescent poussa un soupir mais quand il avait une idée derrière la tête, il était impossible de le faire changer d'avis comme la fois où il avait voulu aller chercher une fleurs qui ne poussait qu'à un endroit particulier pour les beaux yeux d'une nymphe avec qui il était sorti. D'ailleurs, il ne l'avait plus jamais revue depuis sa disparition. Elle l'avait surement remplacé au bout de quelques jours.
Elluviel se retourna vers Aymeric.

Elluviel : - Leyllit est un peu fougueux.

Puis, Leyllit expliqua que le champs était brûlé depuis quatre ans. La jeune fille répliqua que ce n'était qu'un accident. Aymeric souria. Lui aussi avait foutu le feu au champs par accident car c'était le seul endroit que son oncle avait trouvé pour lui apprendre à contrôler ses pouvoirs.

- Bah d'ici quelques années, il sera de nouveau cultivable ! C'était aussi mon terrain d'entraînement ! Pas vrai Cranack ?

Cranack : * Tout à fait ! *

Elluviel fit remarquer que Sam et Harry étaient des noms bien peu commun. En effet, ce n'était pas du tout très moyen-âgeux. Tout à coup, Leyllit signala que la lumière commençait déjà à décliner. Il y avait longtemps qu'Aymeric n'avait plus vu de couché de soleil à Thildraigh. Cela lui avait beaucoup mais il entendit sa nouvelle amie dire qu'il fallait absolument rentrer. Il aurait bien voulu y rester encore un peu pour continuer à se remémorer les bons souvenirs mais il est vrai que c'était peut-être dangereux à cause des lois sur la magie. Soudain, le jeune prince fut sorti de ses pensées par la dragonnière :

Elluviel : - Désirez vous mon épée ? Au cas où nous serions attaqués durant le retour ?

Aymeric fut supris de la proposition qu'elle lui faisait. Il allait répondre mais elle ne lui en laissa pas le temps, lui tendant l'épée qu'elle venait de sortir de son fourreau.

Elluviel : - C'est plus prudent monseigneur.

Aymeric poussa à nouveau un soupir.

- A une question : Que tu me tutoies mais on va dire hors protocole !

Il n'allait pas du tout lacher l'affaire et rien qu'à voir l'entêtement de son maître, Cranack se mit à rire à n'en plus pouvoir s'arrêter !

Cranack : * plus têtu que lui, y a pas ! Oh j'ai mal au ventre !*

- Alors arrête de rire andouille !
Puis, il se retourna vers sa nouvelle amie.

- Qu'en dis-tu ? Oui je sais ! Je suis très têtu quand je m'y mets !

Soudain, ils entendirent des voix. Aussitôt, Aymeric ordonna par télépathie à son dragon de se camoufler. Celui-ci cacha son congénère et ils se rendirent invisible. Ce n'était qu'un petit groupe de paysan mais ils avaient eu chaud.

- C'est bon, ils sont partis ! Alors, que dis-tu de notre petit marché ?

La remarque de Crannack ne lui fit pas spécialement plaisir, mais elle l'ignora et soupira. Elle était résignée à obéir au protocole, coûte que coûte. Il avait beau livrer guerre et la faire chanter, elle ne s'y déroberait pas. Elle tendait toujours son épée vers lui, le visage mécontent, bien qu'elle essayait coûte que coûte de le cacher. Le pouvoir royal l'effrayait. Elle pourrait mourir à la moindre erreur de jugement, la moindre erreur de parole ou quoi que ce soit. La famille royale n'était pas non plus réputée pour être des plus complaisantes.
Elluviel baissa l'épée. Mais elle hésitait toujours. Elle pourrait encore marchander. La confusion régnait dans sa tête. Si elle ne lui donnait pas cette épée, on pouvait l'accuser de ne pas avoir protéger suffisamment le jeune Prince. Car oui, il était plus jeune qu'elle. Son âge venait de lui revenir en mémoire. Il n'avait que seize ans. Et il maniait parfaitement l'épée. Un groupe passa près d'eux. Elle lâcha immédiatement la lame et encocha une flèche rapidement. Elle visa l'endroit d'où provenaient les bruits. Cela pouvait être des chevaliers. Un regard entendu vers Leyllit le força à se camoufler. Qui est-ce ? Aucune idée, Ley'. Je pense que ce sont des paysans. Tu sais, comme la dernière fois.
Le groupe de paysans passa son chemin. Elle avait deviné juste. Elle relâcha la pression sur la corde et rangea son arme dans le carquois accroché à son dos. La lame brillante gisait à ses pieds. Elle la ramassa et s'approcha du Prince.

- Bien. Vous... enfin, tu gagnes. Mais seulement quand nous serons seuls. Suis-je claire ? déclara-t-elle en soupirant. Leyllit réapparut et se moqua d'elle. Elluviel n'aimait pas capituler. Surtout lorsque Leyllit était dans les parages. Même si la plupart du temps il apprenait ses défaites, elle n'aimait pas entendre sa voix rauque se moquer dans sa propre tête. Elle l'ignora et tendit l'épée vers le Prince. Seulement quand ils étaient seuls... c'était un bon compromis. Il était forcé de l'accepter, car elle même avait capitulé. Elle avait honte.

Crannack, partons veux-tu ? Il serait bien d'aller se cacher. Avant la tombée de la nuit, des paysans viennent souvent ici pour rentrer chez eux après leur journée de labeur. Leyllit se camoufla de nouveau et prit son envol. Les feuilles des arbres furent violemment secouées et les cheveux bruns d'Elluviel s'envolèrent autour d'elle. L'herbe se courba tandis que le colossal dragon prenait de l'altitude. Elle lui fit un signe de tête tandis que Leyllit restait à une distance respectable du sol, attendant l'autre dragon. Où vas-tu ? Plus loin, près du lac, là où les grottes se font plus grandes à flanc de montagne. Je prendrai du cerf en chemin. Bien. File. Je dirais à Primrose que tu te portes bien. Embrasse la de ma part.

Elle sourit. Leyllit lui disait toujours cette phrase après une grosse déception. Il n'avait jamais pu connaître la chaleur humaine, seule celle du feu. Primrose et Elluviel étaient ses seules amies, avant l'arrivée de Crannack du moins. Elle lui fit signe de la main et il s'éloigna lentement.