Who are you, pretty girl ? || Elluviel

Tous les matins, à la même heure, Delwyn avait rendez-vous sur le terrain extérieur pour l’entraînement quotidien des chevaliers. Ce matin-là il s’était levé avec facilité, ayant même eu les yeux ouverts avant que son serviteur ne vienne lui apporter son petit-déjeuner .. Oh il avait très bien dormi, là n’était pas le problème, mais il lui arrivait de se réveiller à l’aurore de temps en temps et lorsque cela arrivait, il ne parvenait plus à se rendormir. Il s’était donc préparé à l’avance et avait prit son déjeuner à l’heure habituelle, rien ne changea des autres jours si ce n’était qu’il dépêcha son valet de préparer son armure plus tôt. Il était en avance, mais il en profiterait à bon escient et irait s’échauffer avant que ses hommes ne répondent présents … Ainsi trois-quarts d’heure avant l’heure « officielle », Delwyn était le premier et seul présent sur le terrain, effectuant des mouvements dans le vent muni de son épée. Vingt minutes passèrent quand il finit par s’installer devant un mannequin fait de bois et de pailles pour le reste du temps, il débordait d’énergie en cette fraîche matinée, le soleil n’apparaissant que lorsque les nuages daignaient lui accorder un peu d’espace, néanmoins ce n’était pas un temps orageux et l’air y était tout de même agréable. Mais sous son armure Delwyn avait chaud, la brise légère mêlé à l’air frais l’aidait plus qu’autre chose à supporter la chaleur et finalement, il était bien heureux que le soleil ne veuille pas se montrer !

Alors que les premiers chevaliers se montrèrent, Delwyn n’en remarqua pas l’ombre d’un seul et s’attaquait toujours au mannequin à l’aide de deux épées. Il n’en avait peut-être pas l’air comme ça, mais il ne faisait plus vraiment attention aux gestes qu’il effectuait, perdu au milieu de ses pensées qui se trouvaient encore et toujours tournées vers la même chose : la magie. Et forcément en pensant à cela, il se revoyait perdre contre cet adolescent et sa hargne n’en fut que plus prononcée. Il s’énervait presque sur cet adversaire en bois alors qu’un peu plus loin, aucun n’osait l’interrompre. Les anciens qui le connaissaient bien souriaient et attendaient les bras croisés, tandis que les recrues se regardaient avec une légère inquiétude, après tout ils ne voulaient pas subir les foudres du prince quelque soit les raisons de sa mauvaise humeur … mais ce fut finalement un toussotement involontaire qui sortit le blond de son petit monde. Il se fut arrêté d’un seul coup sans pour autant jeter les armes ou tourner la tête, le silence qui régna soudain le fit sourire et il se trouva bête d’avoir été surpris sans même s’en être rendu compte.

« Et bien … vous êtes en retard. » déclara-t-il sur un ton taquin.

Bien entendu aucun ne l’était et lorsqu’il daigna enfin se tourner face aux hommes, il leur adressa un grand sourire avant de déposer ses épées et de tous les saluer. Puis comme tous les matins, il ne prit avec lui que les recrues qu’il entraînait et laissa un libre arbitre aux autres. Quelques-uns parmi eux le considéraient à la fois comme leur capitaine, mais aussi un ami et après avoir échangé une brève accolade, il les quitta pour rejoindre le groupe qui attendait ses instructions. Pour cela, il n’avait nul besoin de son armure et la retira, se sentant bien moins oppressé ! Il se plaça face à ses hommes et les salua une seconde fois, il fit ensuite le point sur lesquels étaient présents et ainsi noter ceux qui ne l’étaient pas, dans un coin de sa tête, mais il ne dut retenir aucun nom. Cela eut don de lui décrocher un sourire avant qu’il ne donne ses premières instructions, à mesure qu’il parlait il marchait le long du groupe, observant les gestes de chacun et essayant de négliger personne, mais il n’avait pas non plus des yeux partout. Une heure et demie passa et il n’y avait eu aucun comportement déplacé, en ce matin ses hommes étaient tout aussi posés que lui, était-ce parce qu’ils le croyaient de mauvaise humeur ? Ses sourires et ses remarques taquines n’étaient pas si différentes qu’à l’accoutumée pourtant, ou peut-être était-il trop souriant, justement ? En tous les cas il se réjouissait d’une telle tranquillité et leur donna enfin leur quartier libre. Ils iraient pratiquer l’activité qu’ils désiraient tout en restant sous la surveillance des chevaliers que Delwyn nomma comme « seconds », des hommes vaillants et loyaux qui méritaient amplement cette petite « promotion » qui les différenciait de tous les autres, leur permettant de participer aux décisions et d’avoir une certaine autorité sur les troupes. Mais bien entendu quoiqu’il advienne, Delwyn avait toujours le dernier mot. Pour l’heure il laissa donc l’autorité à ses hommes et alla se poser sur un banc, aux côtés de Sir Laurent qui semblait particulièrement … dans la lune. Le blond suivit alors le regard du jeune homme et celui-ci le mena du côté des cibles. Plusieurs chevaliers s’entraînaient à l’arbalète, d’autres étaient plus doués avec un arc puis … !

« Que… Qui est-ce là-bas ? »

Effectivement, il ne l’avait pas remarqué dans l’immédiat, mais il y avait un intrus parmi ses hommes. Ou devrait-il plutôt dire "une" ? Il ne rêvait pas, il y avait bien une femme qui s’entraînait au tir à l’arc, sur la cible la plus à droite du terrain et c’était en partie pour cela qu’il ne l’avait pas remarqué. Il comprit un peu mieux ce qui retenait tant l’attention de Sir Laurent, qui d’ailleurs ne tarda pas à lui répondre.

Sir Laurent: – Je ne la connais pas, mais elle vient presque tous les jours… 

« Vraiment ? Je ne l’avais jamais vu avant ! » s’exclama-t-il avec un petit sourire.

Dès lors Delwyn quitta le banc et son camarade en comprit directement les raisons, ce pourquoi il tenta de l’en dissuader, mais avait-on déjà vu le prince ignorer une femme, qui qu’elle soit ? Il s’approcha ainsi de la demoiselle et lui laissa le temps de tirer une énième flèche, qui ne se planta qu’à quelques millimètres du mille.. Devant une telle précision dans ses gestes, le blond ne pouvait que l’admirer pour n’être lui-même qu’un piètre archer. Comme il l’était avec sa cousine. Alors enfin il fit remarquer sa présence, mais était-il donc le seul qui ait eu le courage de venir s’adresser à elle ? Qui était d'ailleurs tout aussi courageuse de venir s’entraîner parmi tous ces hommes et être ainsi la seule figure féminine.

« Joli tir. Tu pratiques depuis longtemps ? »

Alors il apparut à sa droite, les bras croisés et le regard curieux, ce fussent là les seuls mots qu’il prononça. Il préférait savoir sur quel type de terrain il s’aventurait avant toute chose, elle n’était peut-être pas encline à bavarder autant qu’il ne l’était. Il quitta la cible des yeux pour l’observer, elle et ses longs cheveux bruns qui descendaient en cascade sur ses épaules, puis il remonta sur ses yeux. Tout ce qu’il trouvait à penser en cet instant était le fait qu’elle soit, selon lui, particulièrement mignonne. Ah on ne le changerait jamais..

C'était, une fois encore, les beaux discours de Kaelith Cleonic qui l'avaient convaincue. Depuis peu de temps, ses entraînements s'étaient espacés devenant rares et courts, s'ils n'étaient inexistants. Elle s'était concentrée sur la chasse vu que sa famille connaissait quelques difficultés à se nourrir en ces moments. Elle perdait confiance en ses outils devenus trop rudimentaires. Seul son père avait le pouvoir d'en créer de nouveaux, mais il était trop occupé à sauver les pots cassés par une période de pénurie alimentaire.
Kaelith l'avait sauvée une fois de plus de l'abstinence. « Montre à ces hommes, ces chevaliers prétentieux. Entretenir ses compétences et sa santé, c'est être apte à sauver le monde ». Encore de ces belles paroles. Et encore, elle n'allait pas les chercher loin. Elluviel se laissait convaincre, malgré quelques réticences. Se laissait abattre par une jeune femme blonde aussi convaincante que belle ? Ça lui était pratiquement impossible.

Après une énième rencontre au lac, comme elles en avaient l'habitude, Elluviel avait regagné la maison familiale et attraper carquois et deux lames courbes pour le combat. Après avoir attaché le carquois rempli de longues flèches à pointe de fer à sa ceinture, elle accrocha les deux lames dans son dos.
Le terrain lui semblait affreusement loin, mais c'était une distance qu'elle était déterminée à couvrir. Les points serrés sur le long manche de bois qui lui servait d'arc, elle se résigna à le replacer dans son carquois qui pendait à son flanc gauche. Ses pensées étaient désormais tournées vers Oramielle, sa défunte petite soeur. Kaelith la lui rappelait souvent, surtout après ses longs discours sur la perte d'un être proche. Le propre sang d'Elluviel avait trépassé, et elle devait désormais vivre avec.

Le soleil était haut ce jour là, malgré la matinée qui venait juste de débuter. Elle se rendit compte qu'elle avait passé une bonne partie de la nuit à discuter avec son amie. Elle n'avait dut dormir que quelques heures, c'était pourquoi ses paupières lui semblaient extrêmement lourdes. Mais elle persévéra tout de même. Ses pas la portait d'eux même et elle arriva finalement à destination.
On dit toujours que c'est le voyage qui compte, et pas la destination. Il ne s'était rien passé durant la dizaine de kilomètres qui la séparaient de son objectif. Le terrain était pratiquement désert à cette heure. Il était tôt, et les chevaliers n'arrivaient qu'aux alentours de neuf et dix heures. Seuls quelques personnes s'échauffaient, que ce soit à l'épée ou à l'arc. Elle était généralement la meilleure dans cette discipline, mais le cachait un maximum en s'écartant un maximum des autres archers. Elle observa à peine les personnes présentes, et c'est à peine si elle remarqua le combat remarquable que menait l'un des chevaliers avec deux épées courtes contre un mannequin de bois. Elle s'installa : défit les sangles qui retenaient ses deux épées et les posa sur le sol. Il n'était pas boueux, et donc elle ne risquait ni la saleté ni la rouille.

Elle retira son arc et une flèche de son carquois. Tout en encochant la flèche, elle dégagea une mèche de cheveux qui lui barraient le visage. Elle se rendit compte qu'elle avait oublié son ruban qui lui servait à les attacher. Elle allait vraiment devoir songer à les couper... Agacée par sa propre bêtise, elle banda l'arme et visa. Elle prit son temps, la cible étant à une distance inhabituelle. Elle n'avait en effet pas choisit la plus facile : quarante mètres séparaient la cible et la jeune femme. Tout de même, elle se concentra, visa légèrement plus haut et à une vitesse vertigineuse, la pointe alla se planter droit dans son objectif.
Elluviel recommença l'opération maintes fois, jusqu'à ce que l'orifice rond qui contenait ses flèches soit entièrement vide. D'un pas dynamique pour s'échauffer les jambes, elle alla récupérer ses armes et les glissa dans son carquois. Elle attendit que chaque archer ait regagné son pas de tir pour encocher deux nouvelles flèches. Elle allongea l'arc et tendit la corde. Tirer à deux flèches était dangereux et fortement déconseillé. Cependant, régulièrement, elle s'y essayait. Ça pouvait toujours être utile. Elle ferma son oeil droit et visa plus à droite et plus haut qu'à l'accoutumée. Le résultat n'étant pas très satisfaisant, mais restait tout de même correct. Elle encocha une autre flèche et visa. La pointe ne se pointa non loin du centre de la cible.

Une voix retentit derrière elle, une voix masculine et plutôt surprise. Elle tourna la tête à sa gauche, s'étant mise de profil pour plus de précision, mais dut se retourner entièrement pour faire face à son interlocuteur. Aucune idée de qui cela pouvait être. Un autre chevalier probablement ? Semblable à Valandil ou à Aymeric. Sauf qu'il semblait plus sympathique et ouvert que le premier et plus âgé que le deuxième. Il souffrait d'une certaine frustration à peine cachée, malgré son apparente bonne humeur. Les yeux bleus, les cheveux blonds et d'une grande allure, il semblait royal. Il était beaucoup plus grand qu'elle et aussi de meilleure condition physique. Il était chevalier, ce n'était donc pas surprenant. Elle lui trouva un certain caractère de séducteur, à son regard Elle inclina la tête en signe de remerciement avant de lui répondre.

- Merci, monseigneur, répondit-elle en un murmure discret. Les chevaliers devaient être appelés comme cela. Ils possédaient généralement un brin de terre et protégeait les habitants de Thildraigh, il lui semblait donc logique de le distinguer.
Durant leur court échange, comprenant le moment où elle l'avait détaillé entièrement et lui avait parlé, les autres archers avaient terminé de tirer leurs flèches et n'attendaient plus qu'elle tire les siennes. Il ne lui en restait pas moins de six, aussi décida-t-elle de ne pas les tirer pour cette volée. Elle leur fit signe d'y aller et se tourna vers son interlocuteur.
Elle ne trouva rien à répondre de plus. Elle avait commencé à pratiquer depuis ses huit ans environ, mais ce n'était pas la peine de s'en vanter. Elle se contenta de hocher la tête en signe d'approbation et d'attendre que les autres soient retournés à leur place. Elle encocha une nouvelle flèche et banda son arc. Elle devait faire preuve de précision, réussir son coup avant de répondre quelque chose de cinglant. Son poing se colla contre son menton et la corde écrasa le bout de son nez. Elle éleva la pointe de la flèche et lâcha la corde. Elle alla se planter au centre.
- Je ne sais pas depuis combien de temps exactement je m'entraîne. C'était vous, avec les deux épées contre le mannequin de bois, ou de paille ? demanda-t-elle. Elle ne s'en souvenait plus, ne l'ayant qu'entre-aperçu dans sa farouche détermination de s'entraîner. Mais le coup latéral porté à sa victime lui avait sauté aux yeux comme une évidence, c'était un très bon combattant au corps à corps, comparé à elle.

Elle s'entraînait, il faut dire, contre de piètres cibles. Les arbres étaient trop durs et les mannequins qu'elle construisait était trop médiocres. De plus, son père se faisait vieux. Elle n'osait s'entraîner au château de peur d'être la risée de tout le monde. Elle s'était forgée une réputation qu'elle comptait bien gardée pour ne pas être interloquée à tout bout de champs. Même Leyllit se moquait d'elle lorsqu'elle perdait l'équilibre d'une piètre façon en se mélangeant dans ses actions.
Ses deux lames gisaient toujours à leurs pieds, sans qu'ils n'y prêtent aucune attention. Elle s'était retournée vers lui et lui faisait face. Elle rangea le morceau de bois dans son carquois et esquissa un maigre sourire.

[Réponds quand tu en auras la possibilité, je ne suis absolument pas pressée ]

La mystérieuse demoiselle s’était presque immédiatement retournée et le silence qui s’en suivit permit au jeune prince de la détailler un peu mieux. Elle avait un visage rond de jeune fille et ne devait guère être plus jeune que lui. Puis il y avait ses yeux, ces deux iris d’une couleur magnifique qui le fixaient avec curiosité.. Elle devait faire pareil que lui, à peu de chose près, car lui ne la détaillait que pour sa beauté et non afin de deviner qui elle pouvait bien être… Une noble, une fille de marchand, une domestique ? Qu’en savait-il et puis, en quoi cela l’importait ? Il se fichait d’être vu avec une fille du peuple, il était d’ailleurs connu pour s’arrêter au moindre visage féminin croisant son chemin, on n’y faisait depuis longtemps plus attention, ou si peu… Il n’avait, pour la plupart d‘entre elles, jamais rien fait de plus que les flatter et plutôt qu’un séducteur, on pourrait tout aussi bien le qualifier de beau parleur. D’ailleurs ce trait se rapprochait plus de ce qu’il était.

– Merci, monseigneur.

La douceur involontaire, sans doute, qui teintait sa voix lui valut un mince sourire de la part du blond. "Monseigneur" beaucoup l’utilisaient et cela le rendait un peu mal à l’aise. C’était son père qu’on appelait ainsi, aujourd’hui absent, et lui n’était qu’un prince ayant trouvé refuge en la cité de Thildraigh. La seule chose qu’il possédait et qui, à la limite, pouvait permettre cette appellation était une armée de chevaliers. Bien évidemment il n’était pas le seul à commander, surtout durant les batailles, mais de par son rang et l’ancienne position de son père, il était le plus haut placé et celui qui avait toujours le dernier mot. Il était honoré, flatté, heureux d’avoir été nommé à cette place ! Pourtant avec le recul, il se disait qu’il en avait peut-être bénéficié trop tôt.. Il élargit son sourire, accompagnant celui-ci d’un faible rire, avant de prendre à son tour la parole. Il ne pouvait décidément pas s’en empêcher.

« Je t’en prie. »

Bon je vous l’accorde, il n’aurait rien dit que ça n’aurait rien changé. Mais s’il n’avait même plus le droit de parler… et puis, cela avait été la moindre des politesses que de lui répondre, non ? Tandis qu’elle s’était tournée afin de prévenir les autres archers, Delwyn croisa les bras contre sa poitrine et l’observa sans rien ajouter de plus. Elle se préparait pour un nouveau tir, tandis que les chevaliers prenaient leur temps pour se replacer et d’ailleurs, il jeta un bref coup d’œil en leur direction avant de reporter toute son attention sur la jeune fille. Celle-ci s’était emparée d’une flèche et l’encocha, la maintenant fermement contre la corde de son arc sous le regard presque admiratif du prince. Il n’avait pas bougé d’un centimètre et garda les bras croisés tandis qu’il fixait la demoiselle avec une certaine intensité. Elle était précise dans chacun de ses gestes, minutieuse et prenait tout son temps pour essayer de viser le centre. Le silence qui régnait autour d’eux aurait pu lui permettre de s’entendre respirer, ou bien ce ne fut qu’une impression, car aussitôt que la flèche partit, le brouhaha alentour -qui avait toujours été présent- retentit de nouveau à ses oreilles. Ses yeux avaient instinctivement suivi le chemin de la flèche et il vit, en pouffant de surprise, qu’elle avait atteint le centre même de la cible. Alors enfin il décroisa les bras et avança de deux ou trois pas pour s’approcher de la miss. Quelle performance ! Lui n’avait jamais vraiment su se servir correctement d’un arc, évidemment il avait déjà pratiqué cette discipline et ses flèches atteignaient toujours leur cible, mais il rencontrait quelques lacunes et il trouvait cette arme encombrante. Il s’en sortait bien mieux avec une, voire deux lames d‘épée. Plus lourdes certes, mais selon lui plus maniables.

– Je ne sais pas depuis combien de temps exactement je m'entraîne. C'était vous, avec les deux épées contre le mannequin de bois, ou de paille ?

Il plissa légèrement les yeux en fronçant les sourcils, ne s’étant pas attendu à ce qu’elle l’ait vu. Cela voulait dire qu’elle était arrivée tôt ce matin, certainement après lui, mais le fait était qu’elle l’avait remarqué et que cela lui tira un nouveau sourire.

« C’était moi. Je suis plus à l’aise avec une épée, qu’un arc… tu m’impressionnes, j’ai rarement vu pareille performance ! »

Ses yeux quittèrent la jeune fille et glissèrent vers la cible tandis qu’un fin sourire réapparut sur ses lèvres et qu’il eut l’air réjoui. Il avait en effet remarqué comme entendu la réaction de quelques-uns de ses chevaliers, ceux qui n’étaient pas si loin et qui les écoutaient d’une oreille indiscrète. Il leur adressa un regard faussement réprobateur avant de leur faire signe de poursuivre, il n’avait accordé aucune pause à ce qu’il se souvenait… Ceci étant fait, il reporta son attention sur la brune et la considéra avec curiosité et amusement.

« Puis-je au moins connaître le nom de celle qui a soulevé ma curiosité ? »

Il n’y allait pas par quatre chemin.. après tout, elle ne pouvait pas lui échapper n’est-ce pas ? A moins qu’elle ne trouve subitement une excuse pour s’éclipser.. De toutes les façons il ne comptait pas la déranger longtemps, la pause qu’il s’était accordé à lui et ses jeunes recrues arriveraient bientôt à terme, mais cela lui donnait assez de temps pour discuter, si toutefois il y aurait discussion.