close your eyes, but open your mind | OVER

Son père lui disait souvent qu'une rose ne pouvait égaler le courage et le physique d'Elluviel. Qu'elle prenne n'importe quelle couleur, aucune n'égale de près ou de loin aux yeux bleu ciel de la jeune fille. De sa petite stature, fine et fragile, elle inspire pitié, une sensation de faiblesse. Pourtant, musclée et de forte ossature, la jeune femme est parfaitement capable de se défendre seule. Elle se sert d'ailleurs de son physique pour défaire ses ennemis. Ses yeux sont déterminés, farouches et malins. Une intelligence très précieuse pour ses proches et pour elle même. Ses grands cheveux sont cependant un de ses principaux calvaires. Il la gênent, se positionnant devant ses yeux lors de duels ou lorsqu'elle travaille. Elle est cependant forcée de les garder long, à cause de sa petite soeur qui désire absolument qu'elle abandonne cette carapace masculine pour devenir une belle jeune fille féminine. Il est dit que le soleil brille très souvent sur Thildraight, même si le teint pâle et laiteux d'Elluviel fait violemment pensé le contraire. On dirait qu'elle est malade, fatiguée par ses yeux à demi-clos. Car oui, elle ne dort pas beaucoup, paranoïaque à souhait. Elluviel a beaucoup de mal à accorder sa confiance, mais lorsqu'on la gagne, elle devient quelqu'un de précieux. Elle sait parler aux gens, trouver les mots, la bonne plaisanterie au bon moment. Mais mieux vaut ne pas l'avoir à dos... Dans ce cas là, de violentes railleries bien placées remplaceront la brunette de bonne humeur. Avec les inconnus, elle reste mitigée. Elluviel est une Innée. Capable ainsi de communiquer par la pensée avec son dragon, qu'elle a prénommé Leyllit. Un magnifique mâle. Elle s'entraîne très souvent à manier le feu, et surtout l'arc. Sa mère lui a toujours apprit la modestie et le contentement.

First step in the dark

Tout était parfaitement calme. Seul le bruissement des vagues, tel un froissement de papier, venait briser le silence que projetait la plage. Une moiteur désagréable flottait dans l'air. Une petite fille était assise sur le sable, près d'un homme grand et blond. Chacun d'eux tenaient dans sa main un couteau et dans l'autre une pierre. L'homme frottait le roc contre la lame brillante sous le soleil de plomb. La gamine reproduisait ses faits et gestes avec précision. Admirative du talent de son père. Quelques minutes plus tard, alors que la chaleur n'avait pas faiblit, les deux lames étaient parfaitement aiguisée. Tu n'as que huit ans, et tu est déjà capable de prouesses dignes d'un vrai forgeron. Il passa une main dans les cheveux brun broussailleux de sa jeune enfant. Viens, rentrons Elluviel. Tu pourras ainsi t'entraîner à tirer à l'arc. Tu devrais te concentrer davantage. La petite s'ébroua aussitôt. Ramassant les lames qu'elle avait aiguisée depuis une heure et toutes les pierres usées. Elle en ferait des souvenirs de son passé, car sa mère, souffrante d'amnésie ne se souvenait même plus d'où elle avait grandit. Elle était si heureuse d'être avec ses deux parents qu'elle désirait ne rien oublier. Ils quittèrent la plage, juste quand une vent frais commençait à se lever, essuyant la sueur de leur visage et balayant leur cheveux. Elluviel se tourna une dernière fois vers la mer ; les vagues se mouvaient avec grâce, brillant sous le soleil de plomb. Elle qui adorait l'eau...

Read in my hand 'part 1'

Ce n'était qu'une simple petite balade. Pourtant, les chemins rendus boueux par la pluie de la nuit rendaient leur traversée difficile. Une petite fille précédait une jeune femme brune et grande, à la svelte silhouette. Chargée presque jusqu'à ce qu'elle tombe. Un sac rempli de nourriture et de quelques bûches de bois pendait à ses épaules. Elle portait de même un lourd grimoire. Elle ne l'avait jamais vu auparavant, mais apparemment, il semblait important aux yeux de sa mère. D'ailleurs, elle l'enviait. La jeune femme ne portait qu'une longue lame de fer de très bonne qualité. Légère, souple, elle leur servirait à se défendre, même si jamais rien ni personne ne les avait attaquées depuis plusieurs années.
Des courbatures aux genoux et aux épaules lui tiraillaient les muscles. Chaque pas lui arrachait une grimace. Elle ne savait même plus où est ce qu'elles allaient. Elle marchait à la suite de la silhouette familière, la démarche titubante sous le poids des objets. Elle rêvait d'être ailleurs, histoire d'oublier sa peine. De pratiquer ses activités préférée : le tir à l'arc, ou même continuer de s'entraîner avec son père à manier l'épée. Elle préférait le sabre. La courbe donnait une plus grande impression de souplesse et le maniement lui semblait plus facile. Ou elle aurait aimé continuer à lire avec sa grand-mère, qui était venue passer quelques jours chez eux.

Finalement, après une bonne vingtaine de minutes de marche, elles arrivèrent sur l'immense colline où le centre même de l'activité de Thildraight se déroulait. Il leur restait au moins cinq minutes, mais déjà un homme de grande stature s'approcha de sa mère. Il avait une voix rauque et grave, légèrement inquiétante. Il s'approcha finalement d'Elluviel après avoir glisser quelques mots à la jeune femme. De l'aide petite ? Qu'elle accepta volontiers d'un hochement de tête. Il souleva alors la caisse et la posa à terre. Elluviel se défit du sac et le lui tendit. Elle soupira et étira son dos meurtris. Merci, murmura-t-elle.
Les deux adultes s'ébrouèrent et avancèrent dans le village. Tout allait bon train, les marchands revendiquaient la qualité de leurs articles et les gens tombaient dans le panneau. Une odeur de poisson flotta pendant quelques mètres avant d'être remplacer par celle du pain chaud. Elluviel glissa une pièce sur le comptoir et se saisit d'un petit rond. Elle n'avait pas mangé depuis plusieurs heures et l'effort qu'elle venait de fournir l'avait quelque peu affamée. Personne ne se préoccupait de sa présence. Les deux adultes conversaient avec entrain, presque avec détermination. Elluviel ne pouvait les entendre si bien qu'elle ne s'en préoccupait pas plus. Ils arrivèrent près d'une grande bâtisse où un livre était dessiné. Sans attendre, les deux personnes s'élancèrent à l'intérieur et Elluviel n'eut presque pas le temps de les voir disparaître. Elle les suivit et découvrit une immense bibliothèque. Des milliers d'ouvrages s'entassaient ça et là, ou se serraient dans les étagères de plusieurs mètres de hauteur. Sa mère s'adressait à un vieil homme barbu. Grand-père Idrell. L'enfant s'approcha et sourit au vieux. Elle ne saisit pas le sens de leur parole. Ils parlaient de légendes anciennes et de découvertes magnifiques d'anciennes civilisations. L'homme tendit le Grimoire et il disparut de la vue de la gamine. Et la petite maintenant, elle a quel âge ? Neuf ans. Et sa petite soeur 5. Celle-là est magnifique. Comme son père hein ? Aussi farouche que belle en effet. Viens Ell', allons nous promener. Après j'irai au Château dire bonjour à quelque personnes. Elle sortirent. Dehors, la vie continuait. Des enfants jouaient avec des épées en bois, sous l'oeil attentif de mères inquiètes pour leur sécurité. Elle aperçut un homme près à voler la bourse d'une jeune femme. Elle leva les yeux vers lui et croisa son regard. Il n'avait pas intérêt à faire cela, sinon il l'entendrait. Il eut une moue de mépris mais se recula. Elle hocha la tête et continua son chemin avec sa mère. Elle lui saisit la main. Les maisons se succédaient, les odeurs de nourriture, d'encens, de la mer comme de la terre se succédaient, ravissant ses narines et ses yeux.
Elles arrivèrent finalement au Château. Sa mère salua Poon, une servante qui vivait au Château. Elle lui tendit une petite enveloppe et lui glissa quelques mots à l'oreille.
Finalement, elle rentrèrent chez elle.

Read in my hand 'part 2'

Un homme les attendait, le père d'Elluviel. Près de lui, un berceau de bois qui se balançait doucement. La seconde soeur d'Elluviel. Primrose jouait avec un petit cheval de bois sur le tapis, près de la cheminée. L'homme releva la tête. Il était penché sur des documents, plume à la main. Dans son regard, une concentration imperturbable. Il semblait épuisé, et son teint était aussi laiteux que celui d'un mort. Il bredouilla quelques mots, mais aucun son ne sortit. La mère d'Elluviel se précipita à lui et posa une main inquiète sur son front. Il brûlait littéralement.


Il fut alors alité pendant plusieurs mois. Des mois qui, pour Elluviel, durèrent des siècles. Elle ne dormait plus la nuit, et allait souvent réconforter sa petite soeur dans son lit lorsque celle ci n'arrivait pas à dormir. La vie reprenait son cours incessant. Fatiguant, c'est à peine si elle se nourrissait. Elle était irritable et se fâchait facilement.
Le champs de pâquerettes s'étendait à perte de vue. La colline cachait le fleurs qui poursuivaient leur course jusqu'en bordure de forêt, près de chez elle. Elle ne désirait pas y retourner. Primrose serait en train de hurler l'injustice, son père en train de mourir et sa mère, calme et belle, préparerait à manger pour éviter de penser à la fatalité qui s'abattait sur leur famille. La benjamine, Oramielle, venait de mourir. Elle n'avait vécu que deux petites années. Elluviel c'était donc réfugiée ici. Dans le champs de pâquerette. Peut être allait-elle mourir, elle aussi ? C'est ce qu'elle espérait tout du moins. Elle ne s'entraînait presque plus à l'arc, avait perdu le goût de l'épée dans le mannequin de paille et même aiguiser les couteaux de cuisine ne lui plaisait plus. Il fallait que tout s'arrête. Bonjour toi. Qui es-tu ? Elle ne répondit rien. Elle ne voulait même pas parler. Laissez moi seule je vous prie. Non, je n'en ai pas la moindre envie. Alors, qu'est ce que tu fais là ? Tu pleures ? Qu'est ce qu'y a pauvre bébé ? Tu as perdu ta chaussure ? Taisez vous ! Je vais t'aider pauvre bébé. Ne t'inquiète pas. Taisez vous ! Tout s'enchaîna. Facilement, elle n'eut presque rien à faire. De la lumière jaillit de ses mains. Quelques fleurs prirent feu tout près de son interlocuteur. Ce dernier prit les jambes à son cou. Une violente odeur de brûlé lui piqua les narines. Une bonne partie du champs avait brûlé sous l'impact de la « boule de feu » ?

A gift was given to you

Ils avaient désormais construit un ponton en bois. Pour faciliter la tâche aux pêcheurs probablement... Elle était assise tout au bord, les pieds dans l'eau et le regard heureux vers la mer. Enfin, son père venait tout juste de se rétablir entièrement. Même s'il lui en faisait voir de toutes les couleurs, elle ne pouvait s'empêcher d'être heureuse, malgré la perte d'Oramielle. Ils s'entraînaient deux fois plus qu'avant. Tu devrais arrêter de me le cacher tu sais... Cette voix ! Rapidement, la jeune fille se releva. Père. Je... Il s'avança vers elle, sourire au lèvres et pointa un doigt sur ses lèvres. Je sais tout ma fille. Malgré ces six années de maladie, je sais de quoi tu es capable. Cela faisait longtemps que je m'en doutais. Je n'en suis moi même plus capable. Tout cela parce que j'ai refusé de voir la vérité en face. Il n'est peut être trop tard pour toi. Que suis-je père ? Un dragonnier.


Il n'aurait jamais dût lui proposer de s'entraîner. Tout d'abord parce que pour manier le feu avec précision, il fallait être loin de tout. Spécialement du bois, de la paille et autre plantes. Or ici, à un rayon de plusieurs milliers de kilomètres on ne trouvait que cela. Alors il les avait installés dans le champs de pâquerettes, là où les souvenirs de la jeune fille seraient les plus forts. Elle avait brûlé la moitié du champs, il en conservait d'ailleurs quelque trace. Mais là, il se demanda même si le champs pourrait un jour revivre. Il était assis sur une chaise en bois, face à un lit aux couettes de dentelles dans lequel reposait son enfant inerte. Son bras était recouverts de bandages encore blanc il y a quelques minutes. Des larmes s'échappaient quelque fois de ses yeux clos. Lui aussi pleurait, ainsi que Primrose sur ses genoux. La mère s'affairait autour de son enfant. Plantes écrasées et mélangées à de l'eau chaude qu'elle lui faisait avaler, une pommade verte sur les plaies qui recouvraient son visage... Oui, il s'en voulait. À mort. Il aurait préféré être là à sa place. Il n'était même pas sûr que son cœur ne cesserait pas de battre. Elle n'avait que seize ans, et ne méritait pas de mourir. Elle pouvait encore sauter partout, aimer, vivre. Lui était trop défait pour continuer. Lorsque sa femme s'affaissa sur la chaise de bois juste à côté de lui et posa sa tête sur son épaule, il éclata en sanglot. Chut... chut... mon amour, ce n'était pas ta faute. Elle savait pertinemment que si, c'était sa faute.
Et les yeux verts s'ouvrirent. Vivement. Les larmes cessèrent de s'écouler et ils scrutèrent la pièce. Sur le qui-vive, il se précipita au chevet de sa fille. Vivante.

The Duel

L'oeil aux aguets, elle guettait sa proie. Une biche bien grasse qui broutait quelques brins plus loin devant elle. Sans bruit, elle se rapprocha. Son père lui avait appris à être discrète, à ne pas faire de bruit. Elle arriva à une dizaine de mètres de l'animal. La biche était sensée être l'un des plus méfiants animaux de la forêt, mais elle n'avait pas détecter la présence de la jeune femme affamée. Cette dernière banda son arc et colla son poing sur sa joue, la pointe de la flèche près de son oeil. Visant avec précision, elle tira. Le bruit alerta la bête mais trop tard, elle s'effondra sur le sol dans un bruit de feuillage. Elluviel se précipita sur la bête. Plus vite elle rentrerait, plus vite elle mangerait. Sa mère n'avait pas eut le temps d'aller faire les courses, Prim avait donc dût aller cueillir des légumes et elle était partie chasser.
Jolie prise, Elluviel. Elle encocha une nouvelle flèche et se retourna vivement. Son père, ce n'était personne d'autre que son père. Avec un grand sourire, elle rangea son arc et sa flèches dans le carquois qui pendait à son dos. Elle se tourna vers le gibier et se dirigea vers lui. On a encore quelques minutes. Que dirais-tu d'un petit duel ? Elle hésita. Je n'en parlerais pas à ta soeur si tu perds, dit-il en souriant. Sans lui laisser le temps d'ajouter quoique ce soit, elle tira son épée de son fourreau et se mit en position. Elle n'aimait pas les duels avec son père. Elle ne gagnait jamais, ou alors en usant de ses pouvoirs. Leyllit, intervient s'il te plaît. murmura-t-elle à son dragon. Après la découverte de ses pouvoirs, son père avait tenu à ce qu'elle suive un entraînement, et ce malgré l'accident. Elle gardait toujours une vilaine brûlure au bras gauche et une certaine rigidité mais jamais de quoi handicaper. Un rugissement retentit alors et un vent souffla sur le terrain dégagé où ils se trouvaient. Elluviel rangea son épée et son père fit de même en soupirant. Merci.

Ils rentrèrent, le père portant le gibier et la fille les armes.